Quo ramo sum ? Quel rameau suis-je ?

12 avril 2025

Quo ramo sum ? Quel rameau suis-je ?

Rameau : ramification d’une tige, petite branche qui est une division ou une continuation des plus grandes.
Cette plante à feuilles persistantes représente la continuité de la vie et la foi qui ne faiblit pas.

Nous voilà avec cette foule, rameaux en main, chantant « Hosanna. » La foule est versatile. Cette foule qui acclame le Christ est cette même foule qui crie à Pilate : « Crucifie-le. »
Le Christ acclamé, le Christ rejeté, le Christ condamné, le Christ crucifié.
Cette foule c’est nous, chacun de nous, c’est toi, c’est moi. Capable d’acclamer, de rejeter, de condamner. Mais pourquoi Seigneur ? Pourquoi sommes-nous ainsi faits ?
Quel rameau es-tu ? Quelle branche, enracinée sur le bois de la Croix veux-tu être ? Ou plutôt quelle division ou continuation veux-tu être ?
Plonge-toi dans la Passion du Christ et tu trouveras toutes les possibilités de ce qu’est l’être humain, division et/ou continuation.

  • Veux-tu être le rameau « Pilate » ? Il croise la route du Christ et il s’en moque.
  • Veux-tu être le rameau « disciples » ? Comme nous dit l’évangile selon Saint Marc : « Ils l’abandonnèrent et s’enfuirent tous. » (1)
  • Veux-tu être le rameau « Pierre, Jacques et Jean » ? Ils sont les amis du Christ, ils l’aiment mais ils dorment.
  • Veux-tu être le rameau « Caïphe » ? Grand prêtre, connaisseur et garant de Dieu, le Messie vient à lui, il choisit de l’ignorer et de vouloir le faire taire.
  • Veux-tu être le rameau « Simon-Pierre » ? Jésus lui a tout donné, tout son Amour, toute sa confiance, TOUT. Mais il ne trouve pas en lui la force de le soutenir et il en pleure abondamment.
  • Veux-tu être le rameau « Marie-Madeleine et les saintes femmes » ? Elles sont au loin, elles se sentent impuissantes et limitées.
  • Veux-tu être le rameau « Simon de Cyrène » ? Lui qui rentrait du travail devient disciple en portant la Croix du Christ et en l’accompagnant jusqu’au Golgotha.

Nous sommes tout à la fois : Simon de Cyrène, Caïphe, Marie-Madeleine, Simon-Pierre, Jacques et Jean, les disciples et Pilate.

La question fondamentale que le Christ nous pose en nous voyant Rameaux en main : qui veux-tu être avec moi ? Qui veux-tu être pour moi ? Qui veux-tu être pour tes frères et sœurs ?

Prenons le temps de vivre cette Semaine sainte avec comme compagnon le Christ, et soyons son compagnon ! Que pouvons-nous faire devant la souffrance du Christ et de nos frères ? Que pouvons-nous dire devant un amour si grand ? Mesure-t-on vraiment le sens de ce verset : « Il les aima jusqu’au bout » (2)… Quelle est l’extrémité de l’Amour ?

J’ose dire que l’extrémité de l’Amour, c’est l’espérance « jusqu’au bout. » Il n’est pas question d’héroïsme, mais d’abandon et de confiance. Accepter d’avoir peur de souffrir par amour, accepter parfois de devoir franchir des obstacles, accepter parfois d’être écrasé par eux. L’espérance n’est pas performance ou efficience, l’espérance, c’est ce qu’il reste quand tout s’écroule. C’est accepter d’être peut-être vidé de toute force, d’être mis en déroute totale.

Et pour vivre cela, ce n’est pas de la force qui nous est nécessaire : c’est de l’Amour, celui de Dieu. Celui du Christ, duquel Isaïe nous dit « c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé » (3).
Le Christ acclamé, le Christ rejeté, le Christ condamné, le Christ crucifié, le Christ Ressuscité : voilà notre espérance.
Alors qui veux-tu être ? Division ou continuation de l’Amour ?

Sœur Anne-Flore MAGNAN
Salésienne de Don Bosco
Communauté de Bruxelles-Ganshoren

  • (1) Marc 14,50
  • (2) Jean 13,1
  • (3) Isaïe 53, 4

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