Jef : «Les jeunes, c’est la passion de ma vie !»
29 juillet 2013
Jean-François Detournay, surnommé Jef a participé aux week-ends « Ephata Don Bosco », et aux marches d’évangile. Il a vécu une expérience communautaire de laïcs associés aux salésiens de Bruxelles Centre. Il est bénévole très actif au Centre spirituel Don Bosco de Farnières. Il a fondé l’Association Farnières-Haïti, quipropose aux jeunes un voyage dans ce pays pour faire de l’animation avec les haïtiens. De formation assistant social, il travaille dans un centre de désintoxication. «Je suis un chrétien heureux, pas honteux, je n’ai aucune gêne à le dire.»
DBA : Ni Religieux, ni Coopérateur, ni Volontaire de Don Bosco, ni Ancien… Comment exprimes-tu ton appartenance à la Famille Salésienne ?
Jean-François Detournay : Demanderais-tu à Obélix pourquoi il aime la potion magique ? Je suis tombé dedans très tôt, vers seize ans, suite à une retraite animée avec un salésien, qui m’a attiré à Farnières. La vie a fait le reste. Je suis assez fier d’être un « électron libre » reconnu salésien par les salésiens eux-mêmes. Voilà trente-quatre ans que je suis au service de Don Bosco au plus profond de moi. C’est mon engagement, j’y suis fidèle. Que faut-il de plus ?
DBA : Qu’est ce qui t’a accroché chez Don Bosco ? Où t’a-t-il conduit ?
J-F.D. : Avant Don Bosco c’est d’abord des salésiens et des salésiennes que j’ai vus et rencontrés. Don Bosco j’ai l’impression de l’approcher depuis quelques années seulement, par mes lectures et par mon désir de mettre sa pédagogie en pratique, entre autres dans mon travail avec les gens dépendants, surtout les plus jeunes. J’ai adoré –j’adore encore – cette bonne humeur et ce bon sens salésien. Je ne m’attendais pas à vivre avec eux (salésiens et salésiennes) à Bruxelles, à Farnières, en Haïti, et dans mon boulot. La vie est surprise.
DBA : Une phrase, ou un geste, ou un épisode de Don Bosco qui te parle particulièrement…
J-F.D. : Don Bosco sur le fil ! Toujours à la recherche de l’équilibre, tout en avançant. Cette capacité à évoluer, à grandir, à faire grandir, sans éviter les difficultés, en les dépassant, les acceptant, le regard tourné vers devant ! Et puis cette tension qu’il portait en lui, ce côté ‘rentre dedans’ qu’il a pu dompter grâce à la douceur de la Madone, sans doute incarnée pour lui d’abord par maman Marguerite.
DBA : Un épisode de la Bible, qui te travaille ?
J-F.D. : Le Fils prodigue, avec son père et son frère aîné. Les trois. Pas l’un plus que l’autre. Je peux m’y projeter, à des époques différentes de ma vie, voire même à des moments différents dans ma journée. On ne naît pas fini ! On est. J’aime la définition que Dieu donne de lui-même dans la Bible « Je suis ‘je suis’ ». Mon humanité sera divinement belle dans la mesure où je suis moi, en vérité, sans artifice. Homme, donc pas nécessairement parfait.
« Mon humanité sera divinement belle dans la mesure
où je suis moi, en vérité, sans artifice. »
DBA : Qu’est-ce qui est le plus joyeux ou le plus douloureux dans la croissance spirituelle ?
J-F.D. : Plus je prends de l’âge, plus je me sens léger, conscient que je suis de ma pauvreté spirituelle et de l’infinie grâce de Dieu à mon égard. Quand on voit les erreurs que j’ai pu commettre, et ce « n’aie pas peur, je suis à tes côtés » qui te relève des fois et des fois, je me sens léger. Entre ce que je voulais être il y a trente ans, et ce que je suis devenu, je me dis que ce que j’ai vécu – tout compte fait – est merveilleux. J’ai grandi, et ma Foi s’est affinée. Ça fait parfois très mal. Se relever, sans cesse, parce que cela vaut la peine d’avancer.
DBA : La passion pour les jeunes, c’est quoi, pour toi ? Comment, où la vis-tu ?
J-F.D. : Je commence par un regret, celui de n’avoir sans doute pas été assez ‘pédagogue salésien’ avec mes enfants. Ensuite, on me dit souvent que je suis ‘resté jeune dans ma tête’ ; eh bien je crois que c’est à cause des salésiens et le fait d’être encore avec les jeunes. La passion des jeunes, c’est la passion de la vie … sans naïveté pour la cause. Je suis plutôt un gars strict, sérieux, parce qu’aimer le jeune ce n’est pas seulement faire la fête ou déconner. Les jeunes ont besoin aujourd’hui de modèles aimants, mais fermes. ‘Amorevolezza’ me semble le terme le plus adéquat. Je suis présent parmi les jeunes que je côtoie à Farnières, au travail, au quotidien, mais aussi avec les jeunes adultes. Il n’y a pas de raison de ne pas, eux aussi, les ‘amorevolezzer ! »
DBA : Comment pries-tu ? Quel est ton mode de prière préféré ?
J-F.D. : La prière répétitive, celle de Jésus, et le ‘je vous salue Marie’ ; cela vient d’une vieille tante et de ma maman qui ‘avalaient’ des chapelets entiers. La prière humble et pauvre. Je suis tout petit devant Dieu, alors je fais simple.
J’aime aussi prier à deux, cela me réjouit. Partager ma Foi et ma prière avec quelqu’un au quotidien, c’est bon. Et puis il y a ma participation régulière à l’Eucharistie, où je laisse Dieu faire son travail « d’imprégnation » : à chacun son boulot. La messe du dimanche est pour moi un grand moment de bonheur et de convivialité où je fais Communauté avec l’Assemblée. J’en sors toujours joyeux. Ma prière est nourrie par ma vie. Ma vie nourrit ma prière. Un bel échange, indispensable. Mais je crois que je ne prie pas assez.
DBA : Quel est pour toi le grand défi d’aujourd’hui à relever par les salésiens et par l’Eglise ?
J-F.D. : J’ai beaucoup de compassion pour les religieux et l’Eglise. Ils sont humains comme moi, et il leur est demandé d’être des ‘je suis’ dans leur vocation propre. L’Eglise, c’est nous : faisons dès lors ce que nous avons à faire au service de la communauté. Et si nous ne sommes pas contents de l’Eglise, regardons d’abord ce que nous ne faisons pas pour qu’elle soit plus belle.
Quant aux salésiens, il faut tout faire pour que l’esprit de Don Bosco perdure. Sur ce coup-là, la Famille salésienne doit encore davantage unir ses forces. Car l’esprit ne suffit pas s’il ne s’incarne pas. Il faut donc garder des lieux de convivialité salésienne. N’ayons pas peur de prier pour cela tout autant que pour les vocations.
Propos recueilles par Jean-François MEURS
1er aout 2013
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